Anesthésie générale et allaitement

Par Yves , le 11/03/2015 dans
Yves

Comme vous pouvez vous en douter, je ne vais pas parler de moi.

Par contre, il y a quelques temps déjà, ma femme a eu besoin de subir une petite intervention chirurgicale, alors qu'au même moment notre dernière fille était uniquement allaitée. Et ça ne fut pas le plus simple.

Entre autre, cette intervention nécessitait une anesthésie générale. Certe assez courte, mais quand même.

Notre dernière fille étant à cette époque uniquement au sein et, comme avant toute anesthésie un rendez-vous est obligatoire, ma femme a voulu discuter avec l'anesthésiste. Discuter de quoi ? Des contraintes sur l'allaitement et des possibilités pour en réduire l'impact. La réponse de l'anesthésiste fut plutôt simple : pas d'allaitement possible pendant 24h.

Heu… Ouch, ça va être dur.

Ha oui, les possibilités existantes côté anesthésie ? Ben rien, faudrait quand même pas lui demander grand chose. En fait il y a eu assez peu de discussion, et surtout pas vraiment de réponse.

Quoi qu'il en soit, ma femme a cherché un peu d'elle-même des infos. Faut dire qu'en étant infirmière elle avait accès à quelques notions de base quand même.

Elle a donc appelé le centre de pharmacovigilance. Moi je ne connaissais pas vraiment, mais en gros ils sont un peu là pour donner des renseignements sur les médicaments.

Des personnes très bien au bout du fil, qui se renseignent et te recontacte un peu plus tard. Bien. Et la réponse est assez simple : il existe des produits moins risqués. La personne propose égalemment d'être mise en relation avec l'anesthésiste afin de voir comment procéder.

Cool.

Enfin non, ça c'était en oubliant le fait que l'anesthésiste n'avait surtout pas envie de changer quoi que ce soit et probablement encore moins que quelqu'un d'autre lui dise quoi faire.

Bref, ça s'annonçait de mieux en mieux.

Et moi à côté je flippais de jour en jour, on avait bien tenté de filer quelques biberons mais ça n'avait jamais marché, elle les refusais tous (quelque soit le lait, la tétine, le biberon). Que du bonheur en perspective.

Le jour de l'opération arriva. Un peu plus réceptifs cette fois-ci, l'anesthésiste proposa de donner une dose assez faible de drogues. Oué bon, le problème c'est que c'était tellement faible que ça n'a pas marché et qu'au final ils lui en ont filé plus que prévu. Sorti de bloc on lui annonce 36-48h sans allaitement. Et moi de lui dire que notre fille refuse toujours de manger.

G-é-n-i-a-l !

Au bout d'un moment, entre deux hurlements (ben oui, un bébé qui a faim et qui ne veut pas de ce qu'on lui propose, ça râle un tout petit peu) elle rappelle le centre de pharmacovigilance en ce disant qu'ils pouront peut-être lui donner des infos un peu plus précises que l'hôpital qui n'en avait juste rien à faire.

Ils ont pris leur temps. Ils ont rappelé après avoir vérifié un certains nombre de choses. Et la réponse fut assez claire.

  • Comment vous sentez-vous ? Encore endormie ? Encore sous l'emprise des drogues ?
  • Non non, pas de fatigue, pas d'envie de dormir. (on est quelques heures après le reveil, pas juste après)
  • Bien, donnez lui le sein alors !

Et l'explication est assez simple. Les drogues utilisées ont des demi-vies très courtes. Et elles sont faites pour être absorbées très vite par l'organisme. En gros, si la drogue est présente et non assimilée, vous dormez. Si vous ne dormez plus, n'avez pas la tête qui tourne, etc, c'est qu'elle est absorbée. Etant donné qu'il n'y a déjà presque plus rien dans le sang, pour que ça puisse se retrouver dans le lait ce serait vraiment compliqué. Et au pire ça la ferait dormir un peu, vu les faibles concentrations.

Elle lui a donné le sein. Elle n'a ni plus ni moins dormi que d'ordinaire. Les pleurs ce sont arrêtés.

Au final, j'en retiens trois choses :

  • on peut donner le sein après une anesthésie générale (pas immédiatement, mais une fois bien réveillé)
  • les anesthésistes faut surtout pas vouloir leur demander quelque chose
  • le centre de pharmacovigilance a été très à l'écoute, très professionnel et a su nous apporter des réponses

Une petite note tout de même : je parle ici d'une petite intervention, courte dans le temps, avec une anesthésie classique. Il est nulle question d'opération de plusieurs heures avec des drogues beaucoup plus violentes et qui agissent plus dans le temps. Par exemple, lorsque mon premier fils a eu son opération à coeur ouvert à quelques mois, ils lui ont administré des drogues pour effacer les dernières heures / jours de sa mémoire — et tenter de réduire les traumatismes qui peuvent en résulter. Il est évident que dans un tel cadre les réponses auraient étées différentes.

Attention : je ne me substitue pas à un médecin avec tout ceci, le but est surtout, si vous en avez besoin, de vous inciter à appeler le centre de pharmacovigilance si jamais vous avez des questions.