J'essuie Charlie

Par Yves , le 09/01/2014 dans
Yves

Ce mercredi 7 janvier 2014 plus d'une dizaine de personnes sont mortes sous les balles. Pourquoi ? En vrai on ne sait pas encore exactement, mais il y fort à parier que ce soit parce que Charlie Hebdo était un journal satirique qui, entre autre, ausait reproduire des caricatures de mahomet — et plus globablement usait pleinement de la liberté de la presse.

J'essuie Charlie

Depuis, on trouve un peu partout des gens afficher « Je suis Charlie ». Je l'ai même vu hier soir, sur les panneaux de l'A48 en rentrant chez moi. Je dois avouer que c'est quand même assez étrange, à quel point tout le monde est solidaire aujourd'hui.

Je trouve ça bien… et je me pose des questions.

Aujourd'hui tout le monde — ou presque — est solidaire. Il y a une certaine unité qui fait plaisir à voir.

Ok, on entend ci et là « oui mais on est pas que Charlie, on est aussi policier » par exemple. Certes, des policiers — et d'autres civiles d'ailleurs — ont aussi été tués. Mais je pense que « Je suis Charlie » dénonce plus la cible — Charlie Hebdo — et non les morts. Car quoi qu'on en dise, les policiers n'étaient pas la cible, la cible c'était Charlie Hebdo, c'était les gens qui osent dessiner ce qu'ils veulent, que ce soit ou non interdit par certains.

Bref, tout ceci c'est triste. Plus que les morts c'est aussi le symbol qui est attaqué. Le symbol de la liberté de la presse, de la liberté de parole, de la liberté.

Mais revenons-en à tout ce mouvement pour la liberté. Franchement je suis sceptique. Certes aujourd'hui tout le monde est pour. En apparence au moins, parce qu'en vrai on entend déjà reparler de peine de mort par exemple, mais aussi de la volonté de renforcer la sécurité, la surveillance.

Mais si on creuse un peu, que peut-on en tirer de cette attaque ? Que toutes les lois pour notre bien, pour notre sécurité, contre le terrorisme, n'ont pas réussi à déjouer une attaque finalement assez simple et en plein jour. Que ces mêmes lois n'ont pas encore permis d'arrêter les exécutant, ne parlons pas des donneurs d'ordres s'il y en a. Bref, le risque zéro n'existe pas et n'existera jamais, quelque soit les lois. Enfin si, il y a une solution mais elle est un peu radicale…

Et donc, que va-t'il se passer dans les semaines, les mois, les années à venir ? C'est simple, cet élant de révolte pour la liberté va juste s'essoufler, et on va rajouter des lois liberticides en prenant en pretexte cette attaque. Vous ne me croyez pas ? Ecoutez simplement les gens aux infos. Ils arrivent à vous dire qu'ils se sentent plus en sécurité parce qu'on leur demande d'ouvrir leur sac en rentrant dans un magasin pour faires les soldes. Désolé, un AK47 ça rentre pas dans un sac à main !

Bientôt on va juste oublier ce qui s'est passé, et on va continuer à avoir des lois qui permettent de surveiller internet, les conversations, les gens. Votre vie a continuer à être passée au crible, et on va vous expliquer que « c'est pour votre bien », que « si vous n'avez rien à vous reprochez alors vous n'avez rien à cacher ». Et le pire c'est que personne ne protestera, ou presque — il y a par exemple des gens comme La Quadrature du Net qui font des choses sur le volet Internet, mais ça reste malheureusement limité. Mais au final on aura encore moins de libertés qu'avant. Petit à petit, mais sûrement. Et tout ça pour quoi ? Pour une fausse impression de sécurité. Car le risque zéro n'existera lui jamais. Il y aura toujours des failles, des contournements. Toujours.

Et si vous ne me croyez toujours pas, souvenez vous du passé. Il y a quelques années, le FN est arrivé au deuxième tour des élections présidentielles. A ce moment, on a vu plein de monde descendre dans la rue se révoltant, défendant l'idée que ce n'est pas ça Notre France. Tout le monde était solidaire, tout le monde disait « Non au FN ». Comme quoi c'était horrible, comme quoi ça ne devait, ça ne pouvait pas arriver. Et ça a marché… un temps. Et aujourd'hui ? Ben rien, juste que le FN est encore plus haut qu'avant. Pourtant je vous assure, les gens étaient bien dans la rue, sur le net, dans les médias, tous à dire que non ce n'était pas possible, ce ne devait pas être vrai.

Aujourd'hui c'est pareil, les gens sont dans la rue, sur le net, dans les médias, et disent que non ce n'est pas le monde dans lequel on veut vivre, dans lequel on doit vivre. Et aujourd'hui les gens sont pour la liberté. Mais dans quelques jours, quelques mois, quelques années, personne ne dira plus rien — comme il y a quelques semaines — quand on grignotera les libertés de tous sous des pseudo-pretextes de sécurisation.

Alors je ne peux vous dire qu'une chose : n'oubliez pas pourquoi vous vous sentez révoltés aujourd'hui. Mais ne vous trompez pas de combat, le combat doit être pour la liberté. Et ce combat à malheureusement un prix. D'ailleurs Charb le savait il me semble puisqu'il déclarait

Je préfère mourir debout plutôt que vivre à genoux

N'oubliez pas, mais plus que tout n'oubliez pas quel est le vrai combat, ce qui doit être protégé plus que tout : la liberté.